LE COUCHER DES POULES
Les poules s’acheminent doucement vers le poulapinier à l’heure du déclin de la lumière du jour, bien
avant qu’il ne soit perceptible par nous, les humains; elles picorent encore en
chemin, de ci de là une graine, un brin d’herbe, un ver de terre ou autre
trouvaille.
Galinda (la poule Ameraucana grise) est généralement la
première à se percher sur le bord du poulapinier ; patiente, elle
attend ; le couple de chabot (Calimera et Chaboté) volent encore sur la
table, sur le toit…. sur le banc… sur l’épaule
ou même sur la tête d’une personne … et la jeune GaliReine erre un peu toute
seule dans l’attente que nous la perchions à sa place, elle est encore
petite.
La soupe de salade est prête (pissenlit, salade verte ou
simplement herbes coupées dans une écuelle d’eau). Galinda commence à manger puis
se tourne dans l’autre sens… peut-être pour accueillir Flocon ? mais celui-ci
n’a d’yeux que pour sa bien-aimée GaliRousse ; il lui parle d’ailleurs en
langage poule ! (oui, aussi étonnant que cela paraisse, il imite le chant
de la poule qui a pondu, à s’y
méprendre).
GaliRousse n’est pas pressée mais finit quand même par monter
sur la passerelle. Il la suit de près. Galinda doit donc se pousser pour
laisser la place au couple. J’en profite pour poser GaliReine entre papa et
maman mais GaliRousse veut absolument être à côté de Flocon… au besoin elle
pique sa fille pour lui faire comprendre qu’elle a maintenant d’autres
priorités…
La création d’une nouvelle famille ? Là, je dis STOP pour cette année ! nous
sommes à la porte de l’hiver ; l’investissement est bien trop grand pour
assurer un maximum de sécurité et de bien-être à une poule en couvade puis aux
poussins qui naissent…
Nous verrons cela au printemps, ma GaliRousse, maman
consciencieuse….attentionnée pendant 21 jours + 2 mois … à l’issue desquels,
presque jour pour jour, elle signifie à sa progéniture successive qu’il est
temps d’apprendre l’indépendance…
Pour nous les humains, cela paraît assez… inhumain mais la
nature a ses propres règles, immuables et certainement sages ; celles-ci
ne sont pas influencées par des directives de psychologues, les nécessités de
la vie en société… ou même par les priorités des lobbys .
D’ailleurs, pour la petite histoire :
On m’avait conseillé d’acheter des graines « 1er âge »
pour les poussins fraîchement nés… j’ai vite constaté que la maman se débrouillait
pour couper avec son bec les morceaux de sa nourriture diversifiée et les bébés
se régalaient ! et faisant même couler des gouttes d’eau des bouts de
salade pour les faire boire …. Extraordinaire. J’ai pu observer de près leur
vie puisque la famille a vécu dans mon logement pendant les premières semaines.
Inutile de préciser que je n’ai pas acheté les graines … « 2ème
âge » conseillées…
Revenons-en au rituel du coucher : les 5 poules et coqs
sont alignés sur le bord pour dîner ; un ordre est établi pour éviter
certains coups de bec!
Calimera veut encore se dépenser avant d’aller dormir :
elle adore voler le plus haut possible ; elle se laisse cependant volontiers
porter et câliner par les petites mains d’enfants venus assister à l’événement
quotidien ; les plus fidèles, Daisy, Ivan, Agafia … sont expérimentés ;
ils prennent même des responsabilités comme coucher Calimera ou fermer la
petite porte du poulapinier. Ils en sont très fiers.
Levons de temps en temps la tête vers les fenêtres de la maison de retraite pour saluer l'une ou l'autre personne qui suit les activités du poulapinier avec attention. Le chant du coq retentit parfois même le soir pour un ulttime bonsoir.
La nuit tombée, il faut percher chacun à sa place à l’intérieur ;
de gauche à droite : GaliReine, GaliRousse (qui se calme et cesse de
piquer sa fille lorsque les toits assombrissent totalement l’intérieur), Flocon
et Galinda sur la tranche supérieure puis Chaboté et sa fiancée Calimera à l’autre
bout, côté Est.
Nous leur souhaitons « bonne nuit les poulettes ! ».
Il ne faut pas oublier de ranger les écuelles pour ne pas attirer
les rats noctambules, de bloquer la rampe de la mangeoire automatique pour
éviter que les lapins Coco et LapiDou BoulDePoils n’en profitent pour se gaver
de graines destinées aux poules…. D’ailleurs ne les oublions pas, ils sont
toujours à disposition pour les caresses et fort heureux de ne plus être
enfermés la nuit. Ils disposent de plusieurs abris (petit et moyen poulaillers,
dans la paille sous le poulapinier, dans le sable sous l’armoire, dans un
cageot avec du foin sous une petite tente etc etc…) c’est eux qui choisissent leur
lit… mais dorment-ils vraiment la nuit ?
Après avoir fait « la vaisselle des poules »
et rassemblé les déchets à mettre à la poubelle, nous partons, heureux d’avoir
encore vécu ce moment riche et apaisant, presque hors du temps et en total dépaysement :
c’est un voyage immobile que nous faisons tous les soirs.
Bien sûr les conditions ne sont pas aussi attrayantes quand
il fait froid, venteux, pluvieux mais
les animaux que nous avons habitué à vivre hors de leur milieu habituel, depuis
longtemps oublié, ont besoin de soins ; leur présence dans le quartier est
tellement bénéfique à tous niveaux que les contraintes sont totalement
assumées.